mercredi 19 novembre 2008

Pur produit de société de consommation

Allez, il ne faut pas m'en vouloir.
Oui je n'écris rien mais les jours passent et se ressemblent et rien ne cherche à sortir.

Je m'enivre au rythme de ces fêtes interchangeables, m'étourdis devant mon écran à regarder passivement des séries constituant ces cercles vicieux que je cherchais à éviter. J'investis la cuisine pour tenter de surprendre mon palais, de trouver de nouvelles textures, d'enrichir mon catalogue de goûts.
Anesthésiée des sensations, j'aimerais sortir de cette léthargie et ressentir à nouveau.
C'est pourtant maintenant que tout devrait se jouer, le compteur est enclenché.
Mais je suis toujours à la recherche de quelque chose de consistant, qui restera une fois que tout cela sera fini.

Pour le moment, tout ou presque n'est qu'accessoire, placide ou éphémère.
Je consomme, j'utilise, je passe mon chemin.

dimanche 26 octobre 2008

Sex, drugs&rock'n roll

Il est 5 heures du mat quand une bombe sexuelle mexicaine raide dingue de Marc lui susurre à l'oreille qu'elle va nous emmener dans le carré vip.
Bientôt ce mélange d'Eva Mendes et de Gisèle Bundchen nous entraîne dans une salle aux murs rouges criards habitée par des fantômes fantasques. Ici, plus de coupe mulet ni de piercings et tatouages qui font désordre. La population est hétéroclite mais toujours excentrique: gros, maigres, canons, nains, laids... Le champagne a laissé place à la cerveza, preuve de rébellion? The black is back s'est bel et bien répandu dans cet endroit hors du commun, doté de vestibules douteux interpellant notre attention. Le coin baise est déguisé en douche sordide, tandis que les toilettes où 5 personnes s'entassent en même temps s'apparentent à lieu de consommation de drogues les plus illicites. Quoique le mec aux yeux explosés ne se cachait du regard de personne en tirant sa ligne.
Toujours est-il que Marco exultait, l'heure de gloire avait enfin sonné le glas.

Mais oui mon Marco, tu es un Very Incredible People!

dimanche 12 octobre 2008

Daylight

"Le soleil luisait haut dans le ciel calme et lisse,

Et dans ses cheveux blonds c'étaient des rayons d'or,

Si bien que nous suivions son pas plus calme encor

Que le déroulement des vagues, ô délice!"

Extrait de Beams, de Paul Verlaine

Jérôme nous avait mises en garde dès notre arrivée: "Ici, on dirait que la lumière est plus claire. Ce n'est pas le soleil de chez nous."

Tu avais raison, c'est un soleil éclatant qui enveloppe le pays basque d'un halo de lumière. Une lumière jaune, qui ne feint pas de réchauffer, mais qui dore les peaux et illumine les visages.
C'est ma douce couverture, rempart aux moments les plus sombres.

vendredi 10 octobre 2008

Parole de lettrée

"Tu vois, le français c'est une langue relativement cohérente mais avec quelques incohérences.
Le latin est une langue très cohérente avec de temps en temps de petites incohérences.
L'espagnol se fonde sur les incohérences du latin et du français, c'est une langue radicalement incohérente.

La poésie de l'anglais réside essentiellement dans l'ellipse, la poésie du français dans l'extrême inverse, dans sa précision presque chirurgicale et raffinée

L'espagnol...
L'espagnol est une souillure langagière"

Et c'est même pas moi qui l'ai dit.

lundi 6 octobre 2008

La fièvre du samedi soir

Vamos al Fever? Vale! Vale!

Alors le Fever, c'est THE boîte de Bilbao, THE place où il faut être un samedi soir. On raconte que 3000 personnes s'y entassent, alors nous, en bonnes mules sagement dressées, nous nous y rendons.
Etant à l'extérieur de la ville, je plaisante en disant qu'on se retrouvera dans une zone industrielle désaffectée, et mon intuition ne m'avait pas trahie!
A 2 heures du matin, nous errons autour des usines, encerclées par la jeunesse dépravée de Bilbao. Ca aurait pu s'apparenter à un feu de camp sur la plage, sauf qu'à la place du feu, une bouche d'égoût embaumait l'atmosphère, au lieu des bruits de vague, des jets de pisse toutes les 2 voitures, et le froid du nord en guise de douce brise d'été.
Entrée en la matière glauquissime donc.

Puis c'est la cohue pour rentrer et avec le culot d'Amani, prête à tout ce soir là, nous coupons la file sous le feu des insultes des Espagnols (que nous ne comprenons pas évidemment).
A l'intérieur, des gamins ayant à peine atteint la vingtaine se trémoussent de manière étonnamment statique. Malgré une programmation d'enfer, le groupe de français s'apparente à des pestiférés en pleine séance de répétitions de gymnastique rythmique. Moi qui pensais que l'expression corporelle était le point fort de nos chers espagnols, il va falloir se rabattre sur autre chose...

La secte des culs blancs


A quinze stations de métro du centre de Bilbao, Sopelana playa.
Nous nous extasions devant nos ombres sur le sable, les empreintes laissées par nos petits petons quand soudain, nous apercevons un individu XX et un individu XY se lancer en tenue d'Ève et d'Adam dans les eaux glaciales de l'Atlantique.
Il fait encore grand soleil et une ribambelle de gamins leur tournent autour mais soit, vale!
Pendant que nous ne tarissons pas d'éloge sur leur courage et débattons sur la liberté des moeurs, l'affaire se corse lorsque je me rends compte que ces deux bêtes, les pieds dans l'eau, sont tout simplement en train de copuler. Ayant l'esprit mal tourné, je regarde mes amies, aussi ébahies et outrées que je le suis.


Je savais les Espagnols muy muy caliente, mais qu'il garde leurs obscénités à l'abri de mon regard chaste et prude. Les cours de SVT, c'est de l'histoire ancienne.

dimanche 28 septembre 2008

Petit clin d'oeil au garde du corps aux gros bras


Non parce que ce bon vieux toutou n'a quand même rien à voir avec ceux de Valse avec Bachir...

Une petite robe de soirée

Puisqu'il fallait bien que j'en parle, nous avons approché le gigantesque musée Guggenheim aujourd'hui. Ce nom curieux préfigure déjà la singularité du lieu. Le bâtiment en lui-même mérite le détour. Un géant de titane surplombe magistralement le fleuve. On le croirait fraîchement débarqué d'une planète qui ne voulait plus de ce monstre trop massif et encombrant. Sa carapace imprime les refets de l'eau et s'habille de lumière. Comme s'il ne paraissait pas assez imposant comme ça, une sculpture florale gaie et colorée en forme de chien à la Jeff Koons monte la garde.



En fait, le Guggenheim, c'est une robe Paco Rabanne version XXL, jalousement gardée par un méchant garde du corps aux gros bras.

Le carrefour des cultures

Nous traversons une grande place lorsque je m'arrête, constatant que quelque chose ne tourne pas rond.
En face de nous se dressent une dizaine de bâtiments tous gris, mais qui s'avèrent hétéroclites une fois que le regard s'attarde sur eux.
Le premier a l'air contemporain. Doté d'une foultitude de fenêtres, celles-ci sont illuminées par des néons de toutes les couleurs. Puis il suffit de pivoter légèrement pour découvrir un bâtiment à l'architecture flamande, que l'on aurait pu retrouver à Bruxelles ou à Amsterdam. On continue ce tour de table et l'on voit se dresser un bloc massif mussolino stalinien, tempéré par la grâce d'un palais autrichien richement décoré, quand l'austère immeuble londonien nargue les autres avec ses colonnes grecques.

Bref, un seul tour à 180 degrés autour de cette place m'a fait faire le tour de l'Europe. Et le pire, c'est que je suis sûre qu'ils ne l'ont même pas fait exprès.

Una otra historia


J'ai regarni mon sac à dos, refait la liste les choses que j'avais oublié d'emporter, changé de brosse à dents.
A peine ai je eu le temps de faire mes adieux que me revoilà propulsée dans ce pays qui contraste tant avec l'empire dirigé par la main de fer communiste.

Ici, les femmes de Volver déboulent à chaque coin de rue. Fortes, masculines et rock'n'roll, leur détermination se mesure à l'épaisseur du trait d'eye liner qui dégouline de leurs paupières.
La nuit tombée, tout Bilbao se presse dans les rues piétonnes à peine éclairées. La populace déborde des bars qui alignent des pintxos tout aussi alléchants et suitants les uns que les autres.

La jeunesse fougueuse qui atteint fébrilement la majorité envahit une rue et offre un spectacle de pure débauche, quand à deux pas, leurs parents empêchent le temps de s'écouler en empoignant une cerveza.
Des trottinettes insouciantes virevoltent encore autour de nous. Je ne sais pas trop si c'est ainsi que s'établit le dialogue entre les générations, mais toujours est il que ça grouille, ça tambourine et ça vit.

Une petite brise d'air frais est venue effleurer mon cou. C'est fou ce qu'elle m'a fait du bien.

mardi 2 septembre 2008

Va, vis et deviens

A partir de quand es-tu devenue une adulte?
Lorsque tu as appris a dire non? A résister, la tête haute, à la pression familiale qui voulait couler ton image dans un moule qui ne te correspondait pas?
Ou à partir du moment ou tu as décidé, seule, du goût que tu voulais donner à ta vie?
Du haut de tes 22 ans, tu te rends compte du chemin que tu as parcouru quand d'autres sont a l'orée de ce combat. Il te reste encore bien des leçons à tirer, d'autres échecs à surmonter, mais tu sais dorénavant que plus rien ne te fera reculer devant tes convictions, que tu te battras toujours pour ce qui vaut la peine d'être dit, vécu.

Révoltée, moi? Non, jamais

samedi 31 mai 2008

C'est arrivé près de chez vous

Dongguan, c'est tout près de Canton. J'ai même une camarade mongolienne qui s'y rend tous les week-end pour rendre visite à ses potes. Et bien, voilà entre autres, ce qui peut s'y passer:
http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=86162

Un trafic d'êtres humains qui est d'autant plus affligeant qu'il concerne des enfants qui sont envoyés du Sichuan vers le Guangdong, à des milliers de kilomètres de leur foyer.
Le pire dans tout ça, c'est que les parents eux-mêmes sont amenés a se réjouir que leur progéniture puissent leur apporter une source de revenus. Les contremaitres trouvent ainsi un argument de taille: "au moins, les enfants sont utiles et s'ils n'étaient pas là, leur famille serait au fond du gouffre."

Mais je me pose encore cette question: dans un pays où l'enfant est roi, comment ce genre de choses peut-il arriver?

La politique de l'enfant unique a conduit toute une génération de Chinois à être gâtés et pourris jusqu'à la moëlle. Épicentre des espoirs de leurs parents, ils jouissent d'une liberté absolue (de leur point de vue du moins) et profitent sans vergogne du confort matériel qui avait manqué a leurs aïeux.
Est-ce donc l'écart de richesses qui s'amplifie de plus en plus? Ou une société en proie au manque de repères et qui ne sait plus où aller? La logique du chacun pour soi n‘a jamais pris autant de sens qu'ici à mes yeux. Puisqu'il faut l'utiliser, oui c'est bien de l'individualisme forcené que j'observe ici, quel qu'en soit le prix à payer.

Je savais la Chine pleine de contradictions, mais finalement tout ceci a peut-être sa cohérence.

La Métamorphose part 2

C'est finalement pas si mal que je rentre à Canton dans un mois. En effet, je me fais progressivement happer par mon environnement, la sinisation est en marche, diaporama:
- Je ne fais plus de grimaces lorsque l'on me sert du thé, aussi âcre et amer soit-il.
- En de rares occasions, je fais la sieste en début d'après midi à la bibliothèque du campus, chose que je m'étais toujours refusée de faire. Ce n'est plus très grave que n'importe qui puisse me voir dormir la bouche ouverte, la bave dégoulinante qui va-et-vient au rythme de mes ronflements harmonieux.
- J'arrive à aller aux toilettes sans faire la gueule en sortant, même si je continue de retenir ma respiration en rentrant. Et moi, je tire la chasse d'eau.
- Au cours d'un repas, je laisse mes déchets sur la table mais je ne les crache toujours pas et je ne les jette pas encore par terre. Pas de ma faute si 80% d'un plat de viande sont constitués d'os.
- Je peux m'habiller en princesse juste pour aller manger un bol de nouilles sans que je ne dérange personne puisqu'ici, c'est Barbieland. Des répliques de Paris Hilton a la Lucy Liu déambulent dans les shopping mall pour aller s'acheter... Une paire de chaussettes.



- Je raffole de desserts qui, à première vue, ne m'attiraient pas trop voire me répugnaient. Comme par exemple, le 汤圆, ou de petites boules délicieusement gélatineuses a l'intérieur desquelles se déverse une pâte de sésame noir parfumée.
- J'ai acheté des trucs inutiles et ultra kitsch, genre un aspirateur manuel hello kitty rose bonbon qui se branche a mon port usb pour retirer les poussières logées dans mon macbook :-D Je vois déjà vos foudres s'abattre sur moi...

jeudi 22 mai 2008

Quand le desastre naturel laisse place a la "catastophe artificielle"...

Tandis que la Chine pleure pompeusement ses morts, il ne faudrait pas oublier qu'a quelques jours d'intervalle, le cyclone Nargis a dévasté Myanmar. A la merci d'un dictateur a la dérive, la junte birmane bloque l'aide internationale, laissant son peuple crever.
A l'heure actuelle, on ne compte pas moins de 130 000 morts, quand 2,5 millions de rescapés pratiquement sans abri peuvent toujours attendre qu'on les aide.
Ironie du sort: le Mistral, bâtiment français "de commandement et de projection", venu d'Inde avec 1 000 tonnes de fret humanitaire à son bord, attend depuis vendredi à la limite des eaux territoriales birmanes une autorisation d'approcher.

vendredi 16 mai 2008

Mon Dieu

Je sais, c'est nul de faire dans le larmoyant, mais je ne peux pas m'empêcher d'être révoltée par ce qui s'est passé dans le Sichuan. Tant de victimes, et moi je ne peux rien faire à part donner mon sang.

Au passage, anecdote troublante et flippante:
25/01, tempête de neige par(ciel)
14/03, émeute à Lhassa par(peuple)
12/05 séisme par(terre) à 88j de JO

1+2+5=08
3+1+4=08
5+1+2=08

08/08/08 l’ouverture des JO

dimanche 4 mai 2008

It's a new day

Ces personnes que tu rencontres de manière la plus fortuite qui soit, se rendent-elles compte de l'influence qu'elles ont sur ta vie?

Hier soir, assis sur un banc en face de la rivière des perles, vous discutiez de votre passe protéiforme et des couleurs de l'avenir en regardant défiler sous vos yeux des bateaux kitsch aux couleurs criardes absolument pas coordonnees. Vous parliez philosophie tandis qu'autour de vous gravitait les mille et une âmes de Canton qui se fichaient bien de vos préoccupations bien occidentales.
Un peu plus tôt, une autre personne avait change tes a priori sur les mœurs chinoises et était parvenue a rouvrir une brèche que tu avais soigneusement renfermée et que tu suivais du coin de l'œil.
Si ces personnes se frayent un chemin dans ces parties sombres de toi, est-ce a ton insu ou les laisses-tu faire intentionnellement?

Toujours est-il que l'appréhension de ta personnalité fait son chemin, ou du moins un semblant d'approche.

lundi 14 avril 2008

Même pas fait exprès

"Lundi 3 juin

Il y a un instant où notre vie, sous la pression d'une joie ou d'une douleur, rassemble ce qui, en elle, était auparavant dispersé -comme une ville dont les habitants abandonneraient leurs occupations pour se réunir tous sur la grand-place. Cet instant peut arriver à n'importe quel âge, à deux ans comme à quarante. Ce qui est créé là ne cessera plus ensuite de répandre ses effets jusqu'à notre dernier souffle.

Dans la racine du mot "négligence", il y a le mot "lire". Faire preuve vis-à-vis d'autrui de négligence, c'est être devant lui comme devant un livre que l'on n'ouvrira pas, le laissant à lui-même obscur, privé de sens."

Christian Bobin, Autoportrait au radiateur

dimanche 13 avril 2008

La mécanique de l'épuisement

Affectée par les nuits d'insommnie qui ont peuplé ton enfance, tu t'efforces depuis toujours à remplir tes journées de la manière la plus exhaustive possible, afin que le sommeil te gagne immédiatement quand ta tête s'enfonce dans l'oreiller.
Petite, tu imaginais des formes dans le noir, te demandais de quoi ton avenir serait fait, d'où tu venais.

A présent, cette course effrénée vers l'excitation, le vacarme, l'action, la vie... Vient curer une autre faille: l'absence des êtres qui te sont chers. Tu combles le manque, te plonges dans une irréalité délicieuse afin d'éloigner leur spectre qui ont la faculté de te décimer à ton insu.

Tu ignores si cette angoisse ira en grandissant avec l'âge.
Tu souhaites juste qu'un jour, tu puisses profiter du moment en lui-même, sans lui attacher de fonction souterraine.

"Dans ce qui prétend nous ruiner grandit notre trésor"

"Dans ce qui prétend nous ruiner grandit notre trésor", Christian Bobin, Autoportrait au radiateur.

Réduite à ces instants de vulnérabilité qui t'assomment sans crier gare, tu:
bazardes ton passé
remets les choses à plat
refermes les plaies encore saillantes car du temps, tu n'en as pas
réfléchis aux ruptures que tu ne pourras plus empêcher
étouffes les tentatives de retour en arrière
forces les portes qui peut-être te conduiront vers d'autres horizons

Qui laisseras-tu derrière toi?
Que restera t-il quand tu en sortiras?

Tant de questions et le vide devant moi.

samedi 12 avril 2008

Mes nuits sont plus belles que vos jours

20h15: j'arrive au International sports bar où la communauté virtuelle de Guangzhou stuff s'est donné rendez-vous. Au programme: billard, fléchettes, et vas-y que je remue le popotin sur la piste de danse. Des Chinoises atteignant dangereusement la trentaine s'empiffrent de pizzas au bar (c'est gratuit pour les filles). Je me laisse approcher par un Américain d'origine coréenne, pseudo bad boy à casquette, qui se jette sur mon sac pour m'empêcher de partir. "Désolée, lui dis-je, mais j'ai déjà d'autres engagements".

22h20: triste de ne pas avoir pu profiter plus longtemps de ce rendez-vous, je me dirige vers le campus, accompagnée d'une Chinoise rencontrée au bar qui a décidé qu'elle allait m'adorer. Nous rejoignons un pote Italien-slovénien alcoolique et un Coréen (ce qui revient au même), ainsi qu'une Ukrainienne, un Thaïlandais, un Chinois, un Indonésien... Tout ce beau monde enchaîne les bières à 40cts d'euro en s'empiffrant de brochettes délicieusement grillées au barbecue.
Session terminée, je motive Gabrijel et Dae Gun pour rejoindre mes potes GZ stuffers au Tang, boîte branchée de la ville.

01h30: ces deux soiffards ne veulent pas entrer dans la boîte car elle est peu propice à la conversation. Ils dévalisent une supérette en se ravitaillant en Tsingtao puis échouent dans une ruelle sombre près de la boîte. Jennie me dit que la femme aux cheveux magnifiques en tailleur strict est une prostituée. Je la vois engager la conversation avec un occidental mal intentionné. Je détourne du regard.
Je rejoins mes autres potes dans cette antre people surbondée. Des filles à moitié nues jouent avec des serpents vivants. ça sent le fric, le sexe, la surconsommation, l'excès. Je sors rapidement.

02:15 je retrouve mes deux potes de galère assis sur des tabourets d'enfant en plastique, qui ont entre-temps rencontré un chauffeur de taxi, vieux bonhomme Cantonais de pure souche. Gabrijel fait tous les efforts du monde pour lui parler en cantonais tandis que j'entame une discussion vaguement philosophique avec Dae Gun dans un chinois plus que titubant. Imaginez une fille avec sa petite robe noire, en talons, parée de collants roses dans une rue déserte avec 3 mecs à 3h du matin...
Gabrijel reçoit un coup de fil: son ami Coréen qu'il n'a pas revu depuis 1 an. Il arrive peu après, accompagné de sa copine. Hébétés par cette situation cocasse, ils nous invitent à se rendre dans un autre endroit, sans doute plus "commode".

04h05:
la boîte la plus renommée de la ville a fermé ses portes. Nous nous rabattons sur le resto d'en face où ils commandent, de nouveau, des bouteilles de bière. Gabrijel, s'excuse de parler aussi mal le chinanglais, il est saoul. Qu'il soit torché, à la limite je peux concevoir, mais ce dernier a l'humeur triste. Dae Gun et moi, harassés par la fatigue, ne tenons plus debouts, nous parvenons finalement à le convaincre de rentrer (par la force?)

05h45: je rentre enfin chez moi quand des papys et des mamies s'empressent de faire leur gym quotidienne. Mon lit défait m'attend. Je m'endors instantanément.
Guangzhou, elle, s'éveille.

mardi 8 avril 2008

Mea Culpa

Connaissez-vous www.viedemerde.fr?
Là, en ce moment même, j'aurais tout à fait la légimitité de poster un message sur ce site.
Mais mon histoire n'est pas très drôle, donc je m'en abstiendrai.

Et moi qui pensais que le pire était derrière moi. Aujourd'hui, je suis en miettes.

lundi 7 avril 2008

"Tout ce qui n'est pas écrit disparaît" Eric Holder

Nous sommes en train de vivre les meilleures années de notre vie, disait Xavier.

Je remplis les cases de ma vie, serait-ce un vide à combler ou des pièces de puzzle que j'assemble? Je ne sais plus très bien. Tous les sentiments humains sont appelés à survenir ici, ils s'entrechoquent, se confondent, s'emmêlent. Leur densité violente me déstabilise.

En attendant de trouver une réponse à cette question ô combien existentielle, il faudra bien que j'écrive tout ce qui m'arrive ici ou ailleurs.
Avec ma mémoire défaillante, j'aurai tout oublié d'ici un an ou deux...

dimanche 6 avril 2008

La peur au ventre

Chaque matin, tu te réveilles en te demandant ce qu'il va bien pouvoir t'arriver ce jour-ci.
En Chine, l'ennui te gagne rarement: dedans, tu effectues les choses avec une extrême lenteur en savourant le calme qui règne chez toi. Dehors, chaque sortie regorge de péripéties, tu ne peux rien prédire, tout peut arriver.

Tu n'es pas quelqu'un de raisonnable, et l'empire du milieu t'offre toutes les opportunités de mesurer ton aptitude à outrepasser tes limites. C'est un vrai terrain de jeu, qui te réserve sans doute encore bien des surprises...

vendredi 4 avril 2008

Exchange student

J'ai dîné ce soir avec Alice, une amie originaire du Xinjiang près du Kazakhstan, puis tout à l'heure j'irai en boîte avec mes amies Cantonaises.
Bada, Sung Bo et Dae Gun sont Coréens, Minh Thu et Tung sont Vietnamiens, Gabrijel est un faux Italien, trahi par son accent slovène, Philomena, elle, est une Italienne pure souche.
Vince et Stanley sont Indonésiens, leur pote à lunettes dont j'oublierai toujours le nom est Thai. Rody et Billy sont Congolais, Lassa est Algérien.
Brad est Américain, Zoli est Hongrois et Patrick est Allemand.

En venant en Chine, ce n'est pas seulement la culture chinoise que je découvre, mais une foultitude d'autres cultures, qui me traversent continuellement.

Respiro

La pluie vicieuse a pris possession du ciel au-dessus de nos têtes. De fines goutelettes insidieuses taquinent mon parapluie en pleine crise existentielle. Le pauvre ne sait plus s'il vaut la peine que je l'ouvre ou pas.
Les nuages sont si bas que l'on se sent terrassé, comme si le monde entier pesait sur nos épaules.
Des nuits que je n'arrive plus à trouver le sommeil...

Heureusement, il a cessé de pleuvoir aujourd'hui.
Il fait maintenant lourd et l'air est tellement dense qu'il vient à manquer.
Je me sens comprimée, comme si un corset invisible était venu se nouer autour de ma taille.

lundi 31 mars 2008

La Chine, nouvelle déchetterie de l'humanité?

On déplore trop souvent la disparition de certaines espèces, mais saviez-vous que d'autres prolifèrent à une vitesse hallucinante?

Parmi celles-ci, la race expat, espèce à part.
Cette dernière prend racine principalement aux Etats-Unis, mais affecte bien sûr d'autres pays d'Europe.
L'expat mâle n'est rien dans son pays, c'est un raté. Alors il part à l'aventure au pays de tous les possibles. Le chevalier des Grieux tenté par le Nouveau Monde aurait-il osé s'aventurer dans ce nouvel Eldorado qu'est la Chine?
Toujours est-il qu'une fois sur place, l'expat mène une vie de fastes grâce à un son niveau de vie qui a scandaleusement grimpé. Il peut tout à coup posséder les choses en un claquement de doigts, ainsi en va t-il de même pour les êtres humains... Car lorsque l'expat marche dans la rue, aussi laid et dégoûtant soit-il, une pléthore de Chinoises candides et peu farouches se retournent sur lui, en murmurant à l'oreille de leur voisine des commentaires que la morale chinoise réprouverait.

Néanmoins, si l'expat assoiffé se prête volontiers au jeu du palpé-roulé avec ces pauvres Chinoises trop avides de pouvoir, il ne se mêle pas forcément à la masse. Le Starbucks est son QG, le McDo et le KFC sont devenus sa cantine. Il atteint le summun de l'expat-attitude lorsqu'il se dandine fièrement avec son gobelet en plastique Starbucks, tout comme Gad Elmaleh dans son spectacle, la bouteille de coca à la main.

L'expat arrogant passe ses nuits à écumer les boîtes comme il ferait son marché, trop heureux d'avoir un tapis de Chinoises sulfureuses à ses pieds. Lorsqu'il émerge de son lit qui ne compte plus les personnes qui s'y sont glissées, l'expat ne répond qu'au mot "business", ne communique qu'en anglais (vulgaire, c'est mieux) et refuse obstinément de lire les sinogrammes, s'il ne rejette pas simplement la langue chinoise.
Malgré tout, il adoooore la Chine et rêve d'y rester jusqu'à la fin de ses jours.

Bon ben il me reste plus qu'à me faire nonne hein!

Dis, pourquoi est-ce que...

Dis maîtresse, pourquoi quand je suis en Chine, j'ai pas le droit d'aller sur Wikipédia?
Et pourquoi lorsque je veux aller sur mon blog ou celui des autres, ça s'affiche pas?
Pourquoi est-ce qu'à la télé, les journalistes aux yeux bridés disent pas la même chose que ceux qui sont restés à la maison?
Des fois, pourquoi est-ce que je peux pas aller sur le site de Libé?
Des fois, je comprends pas pourquoi j'ai pas le droit d'aller sur le site de la fnac non plus.

La liberté d'expression, qu'est ce que ça signifie ici?

dimanche 30 mars 2008

Fière d'être Française

Vu sur le site du Monde: http://www.lemonde.fr/sports/article/2008/03/27/quinze-athletes-francais-appellent-la-chine-au-respect-des-droits-de-l-homme_1027757_3242.html

Je parlais hier avec Brad le Texan, des travers de certains Français.
Mais je ne fustigerai jamais cette capacité à dire non, à se révolter, parfois à tort et à travers. Je lui disais que je préférais mille fois cela au patriotisme aveugle de certains de ses confrères.
Les Chinoises qui observaient le débat de loin lâchèrent dans un soupir: "les Chinois n'aiment pas les débats car ils recherchent la paix".

Ha ouais? Ben c'est nouveau ça...

PS: petite précision: mes copines chinoises, ouvertes d'esprit pourtant, n'étaient pas au courant pour le Tibet.

Lettre à mes chers Coréens

Chers Coréens, vous m'avez charmée par vos bonnes manières. Le respect de l'autre est une notion que vous tâchez d'appliquer au quotidien, chose plutôt rare à Guangzhou.
Votre convivialité va de pair avec votre propension à trinquer. Ce n'est pas pour rien que l'on vous surnomme "les Irlandais de l'Asie". Et vous parvenez à me la communiquer, quand bien même votre anglais est encore plus pitoyable que votre chinois. Le base-ball, votre sport national, ne vous aura pas aidé à dompter la langue de Shakespeare.
Néanmoins, si j'ai souvent ri à vos côtés, j'ai aussi déploré la rudesse de certaines obligations: le service militaire de 2 ans ne vous a pas laissés intacts. L'amour de votre pays vous garde de tout me raconter. D'ailleurs vous m'agacez souvent avec votre patriotisme, car vous avez la fâcheuse tendance à prétendre que tout ce qui est Coréen est le meilleur qui soit.

Chères Coréennes, vous m'avez impressionnée par votre élégance extrême. Votre raffinement ne vous empêche pas pour autant de suivre vos confrères dans leurs jeux guidés par l'amour de la bouteille.
Votre douceur et votre côté "cutie-cutie" est un ravissement permanent. Vos voix si harmonieuses ne cessent de m'enchanter car, il faut que je vous le dise, votre langue est l'une des plus adorables qu'il m'ait été donné d'entendre. Annyong haseyo qui est simplement votre façon de dire bonjour, évoque pour moi les ballades de printemps, jalonnées par des cerisiers japonais, dont les fleurs virevolteraient avant de se venir se poser délicatement sur vos cheveux noir de jais.

J'ai néanmoins une question à vous poser: votre instinct communautaire surdéveloppé doit-il compromettre votre ouverture? Pourquoi vous évertuez-vous à me dire que vous m'appréciez alors que je trouve toujours fuyants?
Il me faudra du temps pour m'intégrer parmi vous, mais y parviendrai-je un jour réellement?

Oh my God I'm becoming Chinese!

La transformation s'opère lentement, mais sûrement.

Je viens de rentrer de mes courses, tâche qui me prend toujours énormément de temps car je mets une plombe à choisir ce que j'achète et parfois à distinguer le contenu des emballages.

Voici donc le contenu de mon panier:
- Un thermos rose bonbon que toute Chinoise possède (pour pouvoir transporter partout avec soi du Milk tea, boisson typiquement chinoise que je détestais à la base).
- Des bonbons chinois... impossibles à décrire. Ce sont des disques rose foncé très sucrés empilés les uns sur les autres. Vinh et Linh, vous me suivez?
- Des yaourts au maïs, qui me dégoûtaient avant et que j'ai fini par apprécier.
- Un bloc-notes avec non pas des lignes, mais des cases, pour pouvoir m'entraîner à écrire ces fichus sinogrammes.
- Des nouilles fraîches, que je ferai sauter avec de la sauce soja.
- Du gel douche Johnson baby (les Chinoises raffolent de ces produits pour bébé).
- Du Nutri-Milk, l'équivalent de notre Yop mais avec tout un tas de pseudo vitamines dont l'effet placebo est plus que probable.
- Du Yakult, ou le Actimel chinois version cheap.
...

Dans quelques semaines, je ramènerai à la maison des pattes de poulet et toutes sortes de preserved food (saucisses, intestins, fruits, légumes...)

jeudi 20 mars 2008

Si Satan devait choisir une langue...

... Je crois bien qu'il jetterait son dévolu sur la langue démoniaque qu'est le chinois.

J'ai l'impression d'être prise dans un cercle vicieux qui n'a de cesse de me désemparer.
Aussitôt que je maîtrise à peu près une flopée de mots, une autre tournée s'incruste dans mon cerveau.
Vous me direz que c'est ainsi dans toutes les langues, seulement le chinois n'a rien de comparable.

Si je retiens facilement la signification des mots, il m'est déjà plus difficile de les prononcer correctement à cause des tons. Le chinois est une langue concise, saccadée, hachée, ferme.
Reconnaître ces mots sous la forme de sinogrammes requiert l'utilisation d'une zone de mon cerveau qui semble s'être endormie.
Et quand il s'agit de les écrire, c'est quasiment mission impossible. J'ai beau les recopier un nombre incalculable de fois, rien n'y fait, ma mémoire me fait toujours défaut. Même lorsque ma concentration est à son apogée, que ma main se crispe sur la mine de mon crayon menaçant de se rompre, tout ce qui résulte de cet effort incommensurable s'apparente à un gribouillis malheureux.

Alors je deviens paranoïaque, je capte la moindre occasion de retenir l'un de ces satanés mots.
Dans la rue, dans le bus, au restaurant... Partout.
Les sinogrammes ne m'apparaissent plus dans leur intégralité instantanément. Je m'efforce de repérer le premier trait qui compose ce caractère, puis le second, et ainsi de suite. L'ordre des traits défile alors mentalement, le caractère s'exécute minutieusement.

Je résouds alors l'énigme, insoluble quelques minutes plus tôt, et un sourire bête se dessine vaguement sur mes lèvres.

Perdue dans la masse

Parmi tous les liens que tu tisses ici, quels sont ceux qui ne se déferont pas?

Des compagnons d'infortune, des amis de passage, certes tu en as. Mais il te manque le temps où tu avais une épaule sur laquelle te reposer, une oreille qui devinait déjà tes mots avant même que tu ne les prononces.
Tes 5 langues n'y font rien et te perdent au contraire dans un flot continu de conversations banales, qui ne soulagent en rien les moments de solitude qui te prennent parfois.
Il y a des fois où tu te résignes à ne prétendre qu'à des relations superficielles. Tu t'obliges à ne rien attendre des autres de peur que la déception qui en suivra ne te frappe de plein fouet.

Tu aimerais pouvoir goûter de nouveau au plaisir d'apprendre à connaître l'autre. Cette démarche si vitale pour toi possède désormais un charme désuet.

mercredi 19 mars 2008

Racisme ordinaire

Passé un entretien qui a tourné court aujourd'hui.

Ce devait être un job plutôt bien payé, qui consistait à accompagner des hommes d'affaires en visite dans la région. La principale qualité requise étant un excellent anglais.

Je rencontre donc Linda, une Chinoise qui vit également sur le campus. Elle n'est pas très élégante mais a l'air de bien profiter de son job qui doit la placer au-dessus de la mêlée.
Nous parlons deux minutes de mes origines vietnamiennes et après un coup de fil passé à son boss, elle me dit:

"Je suis désolée mais nous sommes à la recherche de quelqu'un qui ressemble vraiment à une Française".

J'ai juste eu envie de lui répondre avec mon accent si parisien:
"Pauvre conne".

mardi 18 mars 2008

Motus et bouche cousue

Je vous confirme qu'aucune information ne transite ici à propos du Tibet.
Personne n'en parle ici, même si tout le monde doit le savoir.

Néanmoins, je soupçonne mes chers Cantonais de ne pas tenir leur langue. Restés si longtemps imperméables à la force centrale grâce à leur puissance arme -leur langue- cela ne m'étonnerait pas qu'ils bavardent entre eux de ce "fait divers". Ils raillent sans doute ces rebelles qui ne pourront rien faire face au géant.
Tout redeviendra comme avant, comme si de rien n'était.

Et ce qu'il y a de terrible, c'est que je ne suis pas plus étonnée que ça. Je ne dis pas que je comprends les Chinois, mais cela ne me surprend plus de leur part, alors que j'aurais été révulsée il y a quelques mois encore.
Pas de résignation néanmoins, que l'on ne s'y trompe pas.

D'ailleurs, aurai-je l'audace d'aborder le sujet demain en cours?

"Declare independance..." dixit Björk, interdite de séjour en Chine.

lundi 17 mars 2008

Ames sensibles s'abstenir...

Ce que je redoute le plus en Chine, ce ne sont pas les spécialités cantonaises (telles que la viande de chien ou intestins et boyaux en tous genres. Ce ne sont pas non plus les manières peu civilisées de certains habitants. Non, ce que je ne parviens pas à tolérer, ce sont les toilettes. J'ai en fait la douloureuse expérience en revenant du Guanxi.

Hier soir, après avoir résisté une première fois à un stop pipi à cause de l'absence de lumière, doublée d'une odeur épouvantable émanant des sanitaires, je me résouds à pénétrer dans les toilettes du second arrêt.

Imaginez une pièce rectangulaire dont les murs sont recouverts d'un carrelage qui fut blanc jadis. Le long des deux murs en face de vous coule une sorte de ruisseau artificiel, entouré de ces carreaux suintants. Avouez que cela est néanmoins astucieux, car il nul besoin de tirer la chasse d'eau. Néanmoins, ce ruisseau qui est presque totalement dépourvu d'eau, laisse stagner son contenu pour le plus grand confort de ses utilisateurs.

Des tablettes en bois alignées parallèlement créent des compartiments, elles empêchent d'avoir la tête rivée sur le derrière de sa voisine mais ne créent un espace d'intimité pour autant.
Sans porte, ni cloison réelle, ce genre d'espace donne donc lieu à des séances de pipi collectives, durant lesquelles les pantalons sont baissés en même temps, au vu et au su de tous.

C'est beau le communisme...

Un peu de douceur dans ce monde de brutes


On a entendu cette phrase maintes et maintes fois, et pourtant, elle décrit bien ce que j'ai ressenti en allant à Yangshuo. "On venait autrefois pour voir la rivière Li et mourir, dans un accès de poésie fiévreuse" dixit le guide du routard.
J'ai retrouvé avec nostalgie la beauté des pains de sucre si semblables à ceux que j'avais découverts à Ha Long et à Ninh Binh.
Cette fois une brume épaisse enveloppait ces rochers immenses. Engoncés dans cette fumée nuageuse, ils nous apparaissaient presque par surprise, comme s'il avaient surgi de nulle part. Cette effraction dans mon champ de vision les rendait presque mobiles.
Le guide nous récitait nonchalamment son discours alors qu'il nous était impossible de distinguer les monts fantomatiques qu'il évoquait. J'avais l'impression que ceux-ci jouaient à cache cache, par pure mesquinerie.

En bateau, à vélo ou en barque, la découverte de ce lieu a été un vrai régal. J'ai hâte d'y retourner...

mercredi 12 mars 2008

Prendre le temps

"On ne peut goûter à la saveur des choses qu'en échappant au destin que l'on s'était fixé."

C'est en évoquant la vie de Simone de Beauvoir que Jean-Luc Moreau nous avait fait part de cette citation d'un auteur inconnu.
A défaut de partager les idées de cette femme, j'aurai au moins appris que nous avons des choses en commun. Une enfance marquée par l'ennui, mue par la volonté d'échapper au moule dans lequel on avait voulu nous faire rentrer. La soif de profiter le plus possible de ce que la vie peut nous offrir.

Mais j'aurai au moins eu la chance de rencontrer les bonnes personnes et d'aller dans certains lieux qui m'auront fait comprendre que l'envie dévorante de tout savoir ne devait pas m'empêcher de profiter de ces choses impalpables, de l'ordre de l'empirique, qui se racontent peu mais bouleversent le cours des choses. C. m'a fait prendre conscience de l'importance du contingent. Sa nonchalance naturelle m'a poussée à considérer les choses sous un autre angle.

Philippe Delerm m'a ainsi offert une lecture délicieuse grâce à son recueil de nouvelles La première gorgée de bière. Il y décrit tous les petits bonheurs de la vie, anodins de l'extérieur, mais qui illuminent notre existence et dont on ne se passerait pour rien au monde tant ils sont précieux.
Bientôt il faudra que je vous raconte les petits plaisirs que j'ai finalement découverts et auxquels j'ai succombés en venant ici, dans cette ville si peu avenante à première vue.

lundi 3 mars 2008

Le principe de l'essoreuse à salade


Ceci n'est pas une réunion Tupperware, mais une simple description d'une autre chinoiserie.
En Chine, il est possible d'acheter une machine à laver discount pour moins de cent euros. Mais la règle d'or pour survivre ici, c'est qu'il faut se méfier absolument de tout ce qui est "trop" bon marché. Pour preuve:

Premièrement, le tambour tourne sur lui même comme le ferait une essoreuse à salade. De cette façon, la crasse s'installe bien au fond tandis que la mousse reste bien en surface.
Deuxièmement, j'ai eu beau me démener pour tenter de décrypter les instructions en caractères chinois, cette machine lave à l'eau froide. Et comme dirait Caro: "ça ne peut pas être propre si ce n'est pas lavé à l'eau chaude!". Mais si l'on suit le principe de l'essoreuse, tout comme on n'abîmerait pas les feuilles de salade, on fait de même avec les fringues chinoises. De toute façon, celles-ci sont généralement de si piètre qualité que je ne me risquerais pas à tenter un petit 60°.

Question fatidique: est-ce que ça lave??
Bof.
Tous les mecs que j'ai rencontrés me disent que oui. Mais bon, ce sont des mecs et moi, je suis une fille. Une fille, c'est chiant et ça trouve toujours quelque chose à redire.
Non l'avantage de cette machine, c'est qu'elle ne rétrécit pas les fringues, elle les élargit...

Du reste, cela me donne une excuse de plus pour m'acheter de nouvelles fringues...

jeudi 28 février 2008

Miam! Un Chinois...

ça fait des semaines que j'en rêvais, je vais l'écrire ce post! (évidemment que je ne rêvais pas du mec chinois, qu'allez-vous imaginer?)

De petite taille, le mâle chinois porte des chaussures à bout carrés qui font que ses pieds paraissent encore plus petits qu'ils ne le sont déjà.
Son pantalon taille (trop) haute ou taille (trop) basse est généralement trop court (économies d'échelle?). Il masque avec peine ses chaussettes rouges trouées à la cheville ou pire, ses pattes dégarnies pourvues de seulement deux ou trois longs poils qui se battent en duel.
La chemise est sujette à toutes les fantaisies: imprimés tahïtiens, rayures ou carreaux, tout sied, et nul besoin de faire apparaître la mention "Made in China", on constate vite qu'il n'y a pas erreur sur la marchandise.

Il arbore fièrement un ongle démesurément long au niveau du petit doigt. Cet ongle a toutes les qualités d'un couteau suisse, la saleté en plus. Il sert à ouvrir les cartons, à décoller les étiquettes... Mais il est également très utile lorsqu'il s'agit de se curer les oreilles, les dents, le nez et bien d'autres endroits encore. Pour leur défense, les Chinois estiment que leur force peut se comparer à la longueur de cet ongle. J'aurais préféré qu'ils fassent une démonstration de leur virilité autrement.
Par ailleurs, arborer un ongle long est un signe de réussite sociale. En effet, cela veut dire qu'il n'est pas un paysan travaillant dans les champs et qu'il exerce un métier de bureau (même si je concède que c'est pas hyper pratique de taper sur un clavier avec un ongle de 3 cm).

Sa dentition est anarchique: certains bouts de dents marronâtres ressemblent à des stalactites qui auraient essayé de s'accrocher désespérement à ce qu'on pense être une gencive. Celle-ci est en effet tellement obstruée par les restes du repas précédent qu'il est difficile de la reconnaître. Et ce, même lorsque ce mâle déploie ses poumons en hurlant sur tout ce qui bouge. Le Chinois lambda ne parle pas, il aboie.

Savez-vous qu'il existe même un moyen de le reconnaître sans même l'apercevoir? Il suffit de tendre l'oreille (et encore) pour se délecter du délicieux crachat venant de ses entrailles. Un bruit tonitruant qui parvient même à infiltrer mon appartement (pourtant situé au 5è étage).

Entre les crachats incessants et les discrets ronflements dans le bus, vous comprendrez donc qu'il m'est difficile de leur rester indifférente...

mardi 26 février 2008

Une grande gamine

Au Vietnam, tu as appris à des gens sans âge à calculer leurs bénéfices, leurs marges.
Tu as essayé de leur réapprendre à croire en eux, à la possibilité d'une vie meilleure qu'ils atteindraient par leurs propres moyens.

Ici en Chine, c'est toi qui dois retourner sur les bancs de l'école.
Tu te souviens alors de l'élève nonchalante que tu étais, avachie sur son pupitre et terrassée par la chaleur de la pièce. Tu attendais patiemment que sonnent les 4 heures et demie en fixant obstinément la trotteuse de ta Flik Flak.

Aujourd'hui, tu es toujours rêveuse et certainement pas moins curieuse.
Tu réapprends à articuler des sons dont tu ne soupçonnais pas l'existence. Enfouis au plus profond de toi, tu dois faire des efforts inouïs pour les extirper de ta gorge.
Un nouvel alphabet t'oblige à renier tes origines: le vietnamien te conduit en erreur, il faudra l'éjecter le temps de la leçon.
La main appuyée sur ton bureau, tu exerces une pression inutile sur ton stylo pour tracer un caractère indomptable.
Tu t'amuses et rit de bon coeur en voyant les gestes, ou plutôt les acrobaties de ton professeur, qui a la fougue d'un Roberto Benigni à lunettes.
En sortant du cours, ta machoire te fait mal tellement ta bouche a été mise à l'épreuve.

Bonjour tristesse

La grande vadrouille aux quatre coins de la Chine prend fin ici.

En 35 jours, j'aurai:
- Parcouru pas moins de 9 000 km.
- Utilisé au moins 7 moyens de transport: le bus, la voiture, le bus couchettes, l'avion, le train, le taxi moto, le bateau.
- Revu 11 familles de Phu Vang + ma famille à Hue et à Hoi An.
- Mangé des kilos et des kilos de bouffe chinoise (surtout durant le Nouvel An chinois - Merci Yi).
- Eté révoltée une bonne centaine de fois.
- Vu un nombre incalculable de visages inconnus.

Difficile de tenir en place maintenant que je suis sédentarisée à Canton.
Moi qui pensais être rassasiée des voyages, je projette déjà de partir à Hong Kong, Macao et peut-être Yangshuo.

samedi 16 février 2008

Revoltee

Je suis revenue a Phu Vang, province du centre du Vietnam ou nous avions effectue notre mission humanitaire en 2006.

Qu'a donc fait cette province pour merite un sort aussi ingrat?
Theatre d'innombrables batailles ayant faconne un peuple, elle est aussi la region la plus hostile a la survie humaine. A l'heure ou je vous parle, il y regne un froid insupportable, un froid qui infiltre les os et paralyse les membres. Cette froideur humide embaume les vetements et glace la chair. Je me demandais ainsi pourquoi ses habitants continuaient de marcher pied nus par ce temps ignoble. A quoi bon trainer la moiteur avec soi?

Malgre les timides sourires de Thu et l'accueil chaleureux de la mere de la petite Oanh, le retour sur les terres arides de Phu Vang me laisse un gout amer. Les fonds que nous avions recoltes n'ont pas ete distribues selon nos voeux.
Je me sens impuissante et pleine de desarroi face aux conditions infames que la vie a reserves a ces etres abandonnes par tous. Si je comprends mieux ce que c'est que de ne rien avoir, je supporte de moins en moins la vue d'une telle misere. L'impression de les avoir trahis s'est emparee de moi, elle ne me quittera plus avant que je n'aie pu faire quelque chose pour apaiser microscopiquement l'ignominie de leur existence.
On dit qu'il y a des rencontres qui bouleversent une vie. Je crois que je viens d'en vivre plusieurs. Je ne serai plus jamais tout a fait la meme.

Et comme si cela ne suffisait pas, l'une des personnes les plus humbles et les plus genereuses qu'il m'ait ete donne de rencontrer a ete touchee par une maladie vicieuse qui l'a privee pendant des semaines de sa vocation, celle de devouer sa vie a autrui. La vie est vraiment une p...

Je suis encore plus pathetique que Sophie Davant pour le Telethon n'est ce pas? Et pourtant contrairement a elle, je ne reussis plus a esquisser un sourire tellement la deception est immense.

mercredi 13 février 2008

Hanoi la canaille


Je disais precedemment qu'Hanoi s'etait revelee sous un autre jour.

J'ai redecouvert le charme de cette ville: ses murs d'un vert typiquement vietnamien, qui se situe a mi-chemin entre un vert d'eau neanmoins criard et le bleu turquoise des lagons. Delaves par le temps, les murs jaunes, decrepis par l'humidite et ronges par la crasse sont taggues de numeros de telephone qui ne renvoient a rien.

Ce qui peut paraitre rebutant au depart fait finalement partie du decor sans lequel Hanoi ne serait pas aussi attrayante: les longs cables electriques ressemblant a des cheveux de sorciere pendant lugubrement aux poteaux, des rue grouillantes de vie ponctuees par des klaxons incessants, des trottoirs impraticables tant ils sont investis par les Hanoiens pour qui la notion d'intimite semble tout a fait inconnue.

Cette ville a indeniablement le cote canaille-boheme que je retrouvais en flanant a Montmartre ou dans certains coins de la Butte aux Cailles. Les vendeuses de pain trimballant leurs corbeilles en osier me laissent imaginer que Paris n'est pas si loin...

Une langue maternelle... Oui mais laquelle?

Hadrien me dit que le vietnamien est pour lui impraticable, qu'il ne distingue aucun mot et que cette langue se resume a un flot incessant de sons obscurs.

Il m'arrive souvent d'avoir ce sentiment, surtout quand un accent vient troubler l'effort de concentration immense qu'il me faut procurer.
Parler vietnamien n'a rien de commun avec les autres langues que je pratique. Tandis que je pars de rien avec les autres langues, il me faut plonger dans mes souvenirs pour derober un mot vietnamien.

Il s'agit davantage de me rememorer, pas seulement des mots, mais du contexte dans lequel mon pere ou ma mere avaient prononce ces paroles. Vient ensuite le souci de prononcer correctement et la, je revois tous ces visages epelant differemment un meme mot selon qu'il est enonce au nord, au centre ou au sud du pays.
Je n'ai pas vraiment le choix, c'est l'accent du nord, l'officiel, qui m'a ete transmis et qui m'est le plus agreable a l'oreille.

La part de ce qui releve de "l'inne" et celle de ce que j'ai acquis en venant ici s'entremele malgre moi.

Je comprends alors mieux le sens des mots de Nathalie Sarraute.
J'ai beau etre etourdie, ma memoire ne cessera jamais de me surprendre.

Hanoi, tu m'appartiens

bLa premiere fois, tu avais debarque seule dans cette ville bruyante qui t'avait semble hostile aux premier abord. Revoltee par les conditions de vie indecentes de certains habitants, tu t'etais ecroulee sur ton lit en pleurs.
Puis, tu avais appris a apprivoiser cette ville envoutante en arpentant les differents quartiers, en t'efforcant de vivre a la mode locale, et en rencontrant ses habitants avec lesquels tu avais appris a batailler ou a lier une amitie qui ne s'eteindrait pas.



En y retournant, tu pensais qu'a nouveau, la ville te desemparerait et qu'elle exhiberait fierement les changements ayant eu lieu depuis ton depart.
En realite, tu t'es surprise a tout reconnaitre sans jamais te perdre. Tu as revu les personnes que tu avais rencontre auparavant et emue, tu as realise qu'elles ne t'avaient pas oubliee, qu'elles se souvenaient de ton nom quand toi, tu n'avais memorise que leurs visages.

J'ai aime redecouvrir le charme de cette ville surannee. Cela faisait un mois que je n'avais pas retrouve la sensation d'etre chez moi. Maintenant, c'est fait.

vendredi 8 février 2008

Les crevettes ivres

Non, ce n'est pas une parodie du celebre poeme de Rimbaud. Juste un "met" que j'ai goute ce soir.
Comment vous dire?

De petites crevettes fretillantes sont plongees dans de l'alcool fonce au gout sucre. On les deguste alors, sans passer par la case cuisson au prealable. Donc les "drunk shrimps" sont bien vivantes...

Et les attraper avec les baguettes releve d'une vraie prouesse! Non seulement elles sont minuscules (des crevettes d'eau douce, m'a t-on dit) mais en plus, elles se debattent comme elles peuvent, comme si elles savaient ce qu'il allait leur arriver.

Croyez-vous que c'est par pure bonhomie que les Chinois leur font perdre conscience avant d'etre avalees toute crues? Tout ce que je sais, c'est qu'il raffolent de ce "delice" tres particulier. Pour ma part, etant une fan de sushi, je n'ai pas trouve cela mauvais, meme si la chair se fait rare au final.

jeudi 7 février 2008

Xin nian kuai le!

Au cas ou vous ne le sauriez pas, nous fetons aujourd'hui la nouvelle annee lunaire en Asie.
Voici donc le deroule de mon reveillon:

A 18h precises, 25 personnes de la famille de Yi se reunissent au restaurant. S'en suit un veritable festin compose de pas moins d'une quinzaine de plats pour une table. J'ai ainsi pu gouter a du serpent, pas si mauvais malgre l'abondance d'aretes (ou d'os)?




              Une fois le ventre bien rempli, vers 20h30, retour a la maison.
              Au programme: parties de mah-jong (toujours rien compris...) et emission de tele nationale genre le grand cabaret du monde/sacree soiree a la sauce chinoise.
              Yi m'assure qu'au moins la moitie de la population a les yeux braques sur cette emission. Si seulement Arthur pouvait en dire aurant...






            Aux alentours de minuit, toute la famille se reunit dehors pour assister au feu d'artifices maison. J'en ai vu des feux d'artifices, mais je ne les avais jamais vu exploser si pres de ma tete :-/ Puis tout le monde rentre chez soi et essaie de dormir tant bien que mal a cause des petards qui feront rage toute la nuit.

            La tour Jinmao

            On croirait l'antre de Dark Vador, cette haute tour de verre orgueilleuse et menacante surplombant la nouvelle ville de Pudong.






            Un ascenseur propulse les badauds au 88e etage (le chiffre 8 etant un symbole de perfection) a la vitesse de 9 metres par seconde. Sachant que la tour culmine a 420.50 m, il suffit de 45 s pour arriver au sommet (bonjour les oreilles qui sifflent).






            Une fois arrives en haut, vue imprenable sur Shanghai. On se rend compte de l'immensite de cette ville devorante qui repousse ses frontieres continuellement.



            L'interieur est en fait creux, et abrite un luxueux hotel, qui se vante d'etre le plus haut du monde. Ce "tunnel du temps" vertigineux est effectivement assez imposant.

            J'ai pu voir la ville de jour puis de nuit. D'en haut, l'ensemble parait paisible et immuable, quand il est en realite en constante ebullition.


            Le comble dans tout ca, c'est qu'une nouvelle tour est en cours de construction a quelques metres de la. La tour World Financial Center, haute de 492 m. La pauvre tour Jinmao parait alors bien moins impressionnante face a ce decapsuleur geant.


            A vrai dire, j'ai du verifier aupres des passants que je ne me trompais pas de tour car il y en a tellement.
            Pour autant, la tour Jinmao a beau depasser la tour Eiffel de 100 metres, je l'ai trouvee moins impressionnante et evidemment moins jolie. Paris me manque deja...

            Le jardin Yu: un havre de paix au milieu du tumulte de la ville


            Les jardins chinois representent l'univers en miniature dans un lieu clos.
            Ils en disent long sur les fondements de la culture chinoise tels que la meditation, l'observation du cycle des saisons, la representation figurative de la nature.

            L'eau, est le ch'i, souffle de vie qui parcourt l'univers. Elle peut etre representee par un etang, un ruisseau ou un lac.

            Les montagnes symbolisent l'immortalite, et prennent la forme de rocailles ou de pierres sculptees.

            Les portes circulaires symbolisent la perfection et l'harmonie de l'Univers.






            Plus besoin de tableaux en trompe l'oeil, des fenetres aux formes etranges et les orifices ou se diffuse la lumiere servent de cadre au paysage qui, capture, donne l'illusion d'un tableau vivant.




            Ce jardin bucolique aux allures de labyrinthe est un veritable ravissement.
            Chaque partie du jardin cree une ambiance differente, ou l'on peut tantot imaginer des lettres recitant leurs poemes, tantot de jeunes filles en fleur bavarder sous leurs ombrelles.
            Les noms legues aux differents points de chute sont kitsch a souhait (la chambre pour apercevoir la lune, le pavillon de la magnificence du Jade, le pavillon du regard silencieux) mais j'imagine que cela doit faire partie du charme de l'endroit...

            La vieille ville de Shanghai

            Certes, une tour est erigee toutes les 5 minutes a Shanghai. Mais il demeure quelques contrees dans cette ville preservees de cette frenesie moderniste.
            Des habitations basses, des vetements etendus dehors alors qu'il fait 0 degres, des ruelles cracra et des marches a en faire palir plus d'un.

            Plus de grandes avenues quadrillees, ni de starbucks a chaque carrefour.
            L'esprit cartesien n'a pas reussi a envahir ces lieux charges d'histoire, ou j'ai aime me perdre et
            oublier quelques instants que j'etais a Shanghai.




            dimanche 3 février 2008

            Xintiandi, vitrine huppee m'as tu vu de Shanghai

            Enfin un post non-melancolique, non-acerbe et non-franco francais! Un vrai post d'etudiante en Chine!

            Premiere soiree a Shanghai, dans un bar branche du quartier de Xintiandi, ou la jeunesse doree de Shanghai cotoie des expats assoiffes. Sortir le week end est synonyme de reussite sociale. Ainsi, on peut observer a loisir des minettes fardees siroter chastement des cocktails sucres au meme prix qu'en France, et des males dedaigneux se defiant les uns les autres a un jeu de des dont eux seuls ont le secret.

            Ambiance tres sympa a l'Ark avec une midinette au timbre soul surprenant, et un rappeur, sosie de K-maro, qui a neanmoins tres bien repris "Back at one" de Brian Mc Knight.

            Et enfin quelques photos de cette soiree, histoire de laisser une trace de mon teint hale herite du soleil du Yunnan :)









            "Le voyage est un retour vers l'essentiel" (proverbe tibetain)

            Dans ta course effrenee vers l'inconnu, tu reprends ton souffle et le temps de reprendre haleine, il t'arrive de te demander pourquoi tu es la, dans ce pays si immense et si lointain.
            Non, tu n'as pas fait ces voyages pour pouvoir les raconter a tes petits-enfants.
            Tu n'as pas parcouru tout ce chemin pour epater la galerie.

            Etre aussi loin de ton pays, de ceux que tu aimes, ne fait que renforcer ton affection pour eux.
            Te perdre dans ces rues vertigineuses, c'est pour mieux trouver le chemin du retour.
            Apercevoir tous ces visages, rencontrer toutes ces personnes, qu'elles soient de passage ou pas, projette un nouveau faisceau sur ton identite.

            Une comedie humaine

            Quand la tele realite devient... realite

            Je viens de voir la bande annonce de Winter storm relief sur CCTV.
            Un programme de tele realite qui permet aux telespectateurs de suivre les peripeties de milliers d'ouvriers immigres tentant desesperement de rentrer chez eux pour le nouvel an. Celui-ci souligne que c'est la tempete la plus ravageuse que la Chine ait connu depuis des decennies, genre film catastrophe a l'americaine.
            La bande son est bien sur dramatique et les images chocs sont de rigueur.
            Sauf que c'est la realite...

            Le chagrin des uns fait le bonheur des autres... Des Chinois bien au chaud avachis devant leur tele regardent leurs confreres se dechirer afin de profiter de la seule periode de l'annee pour retrouver leurs proches. Quand la misere devient source de divertissement.

            Les xialongbao

            Il faut tout de meme que je vous fasse part d'une trouvaille qui n'existe pas en France: un certain type de ravioli chinois, que j'ai goute ici a Shanghai. Non non, pas les raviolis aux crevettes mal decongeles qu'on trouve dans tous les traiteurs chinois. De vrais raviolis frais dont la degustation s'avere aussi agreable que ludique:

            De l'exterieur, on dirait une sorte de gousse cotonneuse, ou un bourgeon dont la base serait ronde. Un vrai petit tresor enferme dans des paniers en bambou sans age.

            On l'attrape avec ses baguettes sans le percer et on le trempe dans le vinaigre local, peu aigre et legerement sucre.
            Et la... Une veritable explosion en bouche! Un jus chaud et parfume se deverse tandis que la farce composee de viande et de legumes excite le palais.

            C'est apparemment tout un art de reussir a faire tenir ce liquide dans cette poche si fine.

            Et le meilleur, c'est qu'il y a un boui-boui juste en bas de la ou j'habite qui en propose une poignee pour 4 yuans, soit moins de 40 cts d'euros!

            Quid du chocolat?

            Pour faire echo au post precedent, ce serait bien si le chocolat chinois pouvait:
            1) etre bon
            2) avoir des vertus therapeutiques reelles. Ce serait tellement bien s'il pouvait stimuler l'activite cerebrale ou faire grimper mon QI en fleche...
            Allez, je suis sure qu'il suffirait de le melanger a un ingredient chinois miracle pour qu'on arrive a ce resultat!

            Mens sana in corpore sano

            A defaut de me regaler avec la plupart des mets que j'ai goutes ici, j'aurai appris une specificite bien chinoise:

            La theorie de l'equilibre du yin et du yang n'est pas une legende.
            Lors d'un repas, l'equilibre entre la viande et les legumes, le sucre et le sale, le doux et l'amer, doit etre preserve.
            Ainsi, j'ai deja vu des Chinoises refuser de manger un des plats du repas, non pas parce qu'elles ne l'aimaient pas, mais parce qu'il risquerait de fragiliser cet equilibre.

            Par ailleurs, chaque ingredient se voit preter une vertu. Et cela est d'autant plus vrai quand l'aliment en question vous parait ingrat ou vraiment suspect. Ma grand-mere me faisait deja avaler des petites graines rouges qui etaient censees etre benefiques pour la vue: en attendant je suis myope et astigmate et il n'y a pas un type de lunettes que je n'aie pas porte.

            Parfois, cela vire au ridicule et cela ne m'etonnerait pas qu'un de ces jours, Liz me sorte: "la cacahouete, c'est bon pour le petit orteil."

            vendredi 1 février 2008

            Shanghai: le verdict

            J'ai quitte Canton pour partir a la rencontre d'une Chine plus trepidante. Shanghai se devait d'etre plus glamour et plus culturelle que sa copine du Guangdong.
            Que nenni!
            Il n'y a en fait que 2 choses a retenir de cette ville:


            1. Le boulot: Shanghai, c'est une usine a fric. Qu'on se le dise bien, les gens ne sont ici que pour une chose: monter leur business et etendre leur reseau (le guanxi)

            2. Les sorties: du fait du nombre ahurissant d'expats presents dans cette ville, les endroits huppes soi-disant branches ont pullule un peu partout. Les freres Pourcel ont ainsi ouvert leur etablissement, et j'ai meme rencontre l'un deux au marche des tissus (lequel je ne sais pas: ils sont jumeaux!).

            Apres, pour le shopping, les contrefacons de sacs sont produites a Canton et pour les vetements sur mesure, c'est moins cher a Hoi An.


            Enfin culturellement, c'est assez pauvre... Peu de musees, et ridicules qui plus est, d'apres ce qu'on m'a dit. Je verrai bien ce week end... Arg, des volontaires pour me payer un billet pour Pekin?


            mercredi 30 janvier 2008

            La neige, ca pue

            Point.

            Boules Quies cheries...

            Voila bien une chose que j'ai oublie de prendre avec moi et qui me manque terriblement ici.
            Mes fideles compagnonnes de prepa auraient ete d'une grande utilite.

            Ainsi, elles auraient pu m'epargner les aboiements de certains Chinois qui malgre les apparences, sont on ne peut plus calmes.
            Je ne me serais pas demandee comment des femmes aussi menues pouvaient etre capables de parler aussi fort et de maniere aussi stridente. Et ce, en permanence...
            Je n'aurais peut etre pas remarque les poustillons qui decorent les carreaux, les miroirs et les ecrans d'ordinateur.

            Bref, je ne comprends pas pourquoi en Asie (je parle pour la Chine et le Vietnam), parler equivaut a hurler. Et si l'on pouvait m'expliquer pourquoi ce phenomene est decuple au telephone, ca me rendrait service.

            L'echappee belle

            Ben dis donc, j'ai bien fait de partir:
            http://www.shanghaidaily.com/sp/article/2008/200801/20080129/article_347161.htm

            Quelques extraits pour les faineants:
            "The report cited doctors at the station as saying that more than 100 passengers have passed out in the past few days due to hypoglycemia while anxiously waiting in the cold weather. [...]Some passengers urinated in the plaza among the crowds, creating a health threat, not to mention a horrible odor, the report said. [...]
            The amount of rubbish mounted to more than 100 tons every day at the station but cleaners said they have to carry it out in plastic bags as it is impossible for garbage trucks to be used, the report said."

            Et oui, c'est ma ville :-D

            Shanghai l'insolente

            Revenue hier a Guangzhou, j'ai a peine laisse le temps a mes vetements laves de secher que j'ai saute dans l'avion cet apres
            midi*.

            Cela ne fait que quelques heures que je suis la et pourtant, je sens d'ores et deja que cette metropole n'a rien a voir avec Canton. Les tours arrogantes sont vertigineuses, les rues aussi lumineuses le soir qu'en plein jour, et les department stores puent encore plus le luxe que nos Galeries Lafayette, qui font pale figure a cote.

            J'ai hate que la suite m'eclabousse les yeux...


            *Bon plan pour aller de Canton a Shanghai: Spring Airlines. Compter moins de 90 euros l'aller retour hors nouvel an chinois (moi je l'ai paye 120). Pfff on devrait me payer pour ca... Un billet gratuit de serait pas de refus :D

            Bus couchettes. Welcome to hell

            De ce long periple, ce ne sont pas les 25h de train (toute seule) qui m'ont le plus terrassee.
            Je pensais que les bus couchettes seraient un bon moyen de ne pas sentir passer les 9h de trajet separant Lijiang de Kunming. J'avais tort...

            La pluie fine qui s'etait pernicieusement installee ce jour la aurait pu seulement tremper mes Veja. Mais elle fit encore mieux: elle permit a mon bus d'exhaler une odeur de pieds epouvantable. Et il me semble que la clim ait encourage son expansion dans l'espace confine du vehicule.

            Sans compter que comme vous l'aurez compris, le Chinois moyen n'a que faire des regles de bienseance. Rots, pets, decrottage de nez, vomissements, raclage de gorge hauts decibels et meme crachat, j'aurai eu droit a tout (et meme en choeur!)

            Mais aurais-je pense a tout cela si deux ames bienveillantes ne m'avaient pas mis la puce a l'oreille? Merci a Nicolas et a Florent de m'avoir fait partager un avant gout de cette experience irresistible!
            Discussion:
            Aurore (naive): "Mais c'est vraiment different du train couchette?
            Florent (scandalise): Non mais la, tu compares le trois etoiles au camping!!"

            Et dire qu'avec le froid, je me disais que les odeurs de transpiration se feraient moins presentes..

            Pomme, poire, abricot...


            Ces deracines de Lijiang mesurent-ils la chance qu'ils ont de vivre dans ce coin de paradis?
            Il me semble que oui.
            Tranquilles et indolents, leur vie ressemble a une douce comptine que l'on aime chantonner inlassablement.

            Chaque matin, ils allumeraient un feu au centre de leur cour d'inspiration taoiste. Leurs mains dansant avec les flammes, ils se rechaufferaient a force d'eclats de rires provenant de leur vie passee ou du moment present.

            Tous les soirs, il concocterait un succulent repas, releve d'epices rares ayant le pouvoir de delier les langues. Ils reuniraient ainsi a leur table leurs hotes de passage et leurs amis de toujours pour faire honneur a des diners chaleureux, respirant la generosite.


            Puis, apres avoir rassasie leur assemblee, ils les meneraient vers ce lieu mystique ou la musique acoustique enivre plus intensement que les vapeurs de l'alcool.

            Leur serenite imposante m'a eblouie.

            samedi 26 janvier 2008

            L'Empire du milieu: un seul et meme pays?

            Deux siecles avant JC, Qin, le premier empereur de Chine emit le souhait de ne former qu'une seule et meme Chine. Il unifia la monnaie, les mensurations, et l’écriture dans tout le pays et ordonna la construction de la Grande Muraille.
            Dans les annees 50, le gouvernement introduisit le pin yin, qui consiste a ecrire le chinois avec l'alphabet standard que nous connaissons.
            Le putonghua est la langue commune, et tout Chinois l'a apprise sur les bancs de l'ecole.

            Et pourtant, tout Chinois se voit confronte a ces contradictions:
            • Retraits d'argent en ATM: il suffit de retirer dans une autre banque que la sienne pour payer une commission. J'entends par la entreprise differente, mais egalement emplacement geographique. Mes amies Chinoises ont ouvert leur compte Bank of Chine a Foshan, leur ville d'origine qui est adjacente a Canton. Et pourtant, en retirant a la BOC de l'universite, elles paient!
            • Telephone: il suffit de mettre le pied dans une autre province pour debourser beaucoup plus. Terriblement efficace...
            • Transports: il est possible d'acheter un billet de train seulement 3 jours a l'avance, une semaine tout au plus. D'ou la cohue dans les gare malodorantes et bruyantes n'importe ou en Chine. Ainsi, des milliers de Chinois ne peuvent voyager, non pas faute de budget mais faute de place.

            Lijiang, un paradis sur terre... factice?




            Nous avons rencontre sur notre route un grand nombre de Chinois ayant fui leur province natale pour s'installer dans le Yunnan. Tous semblent avoir succombe au charme de cette ville: ils devaient simplement y faire une escale de quelques jours, ils ont finalement decides d'y passer le reste de leurs vie.











            Une sorte de Provence en terre du milieu.
            On les comprend:




            Et cependant, en me perdant dans le dedale de ruelles qui font toute la singularite de cette ville, je ne peux m'empecher de penser que tout ceci n'est qu'une... Imposture.





            Les boutiques de souvenir me mentent, les vendeuses de l'ethnie Naxi malignes et intrepides fabulent elles aussi. Le moindre detail est trop parfait pour etre vrai.








            C'est la Chine revee, celle qu'on n'ose imaginer et dont on souhaite qu'elle ne s'eteigne jamais.

            vendredi 25 janvier 2008

            Food for your soul

            Hier soir, nous penetrons dans ce qu'il appelle son bar. Pas de vacarme assourdissant, la piece de taille modeste n'est pas encore enfumee. Un poele sans age degageant des odeurs inconnues nous soulage du froid glacial dehors.

            C'est alors que l'improbable se produit: je reconnais une chanson que j'adore et que si peu de personnes connaissent. Je me detends enfin.
            L'atmosphere intimiste et les tableaux aux murs qu'il a peints me font oublier que je suis en Chine.

            C'est alors qu'il monte sur la petite scene et qu'il entonne des airs melodieux accompagne de sa guitare. Sa voix cristalline me bouleverse completement.
            Un Jeff Buckley aux long cheveux noirs et au regard sombre murmure des mots dont j'ignore le sens. Qu'importe, je me sens transportee dans son monde, si mysterieux et tellement loin des archetypes que je m'etais construit sur ce pays.

            Il m'aura prouve qu'il existe un bataillon dans l'empire du milieu resistant au karaoke qui irrite tant mes oreilles.

            jeudi 24 janvier 2008

            San Ta Si


            San = 3

            D'ou les trois pagodes de ce temple bouddhiste.

            Nous n'avons pas pu y penetrer malheureusement, a cause du prix d'entree exorbitant.
            Mais mes camarades ont eu tout le loisir de mitrailler cette merveille

            La quete du Graal


            Regardez-bien, c'est sans doute l'eau la plus claire et la plus pure que l'on puisse trouver en Chine. Elle provient d'une des multipes cascades que nous avons trouvees sur notre chemin.

            Du bleu, du vert, du jaune... Des perles de verre qui ne proviennent pas cette fois des innombrables detritus abandonnes ca et la. Rien que du naturel.

            Pour trouver cette eau prodigieuse, il vous faudra tout de meme gravir quelques 4 000 metres. De quoi profiter pleinement de sa trouvaille, comme je l'ai fait.

            Lac Erhai


            Balade en bateau hier sur le lac Erhai ou la peche au cormoran fut jadis pratiquee.

            De nombreuses iles encerclent ce lac et il faut scandaleusement s'acquitter d'un droit d'entree pour y penetrer.
            Rien de bien fulgurant a signaler, mais il se pourrait que mon mal de mer ait occulte la beaute du lieu.

            mercredi 23 janvier 2008

            Cangshan


            Aujourd'hui, nous avons escalade l'un des monts Cangshan... A cheval.
            Autant dire que je ne m'etais je ne m'etais sentie aussi lourde. Pauvre de lui...






            A la clef, de superbes paysages, comme celui que vous pouvez apercevoir plus bas



            Adieu chauffage, adieu eau chaude...

            J'ai trouve la raison pour laquelle les Chinois se lavent peu (ou pas): il caille trop dans ce pays, c'est insupportable. Ok il fait 5 degres, mais je peux vous dire que j'envie largement mes camarades d'Ottawa qui sont a... -28?

            Encore heureux que les Chinois ne soient pas les champions de la transpiration.

            mardi 22 janvier 2008

            Dali



            Dali savait-il qu'il existait quelque part en Chine une ville portant son nom?

            Aurait-il apprecie le charme de ses rues pavees, de ses toits voutes et de ses lampions colores?
            Peut-etre aurait-il trouve ce cadre un peu trop conventionnel, mais c'est sans compter les mysteres dont regorgent les temples et les foyers de ce lieu.
            Car Dali est bel et bien un endroit "surrealiste". On se croirait dans un decor de cinema hollywoodiens, tant chaque detail semble atteindre la perfection. Le temps semble s'etre arrete lorsque mon regard se pose sur l'architecture de cette ville, mais je reviens aussitot sur terre quand je constate que les rues ne sont occupees que par des boutiques clinquantes. Bienvenue dans le XXIe siecle...

            L'ame de Dali semble donc s'etre evaporee.

            Et pourtant, il me suffit de fermer les yeux quelques secondes pour imaginer de vaillants guerriers en costume luttant dans les rues de Dali.

            Parce qu'il le vaut bien!

            Je dois vous avouer que je suis assez fiere de moi: on a fait 26h de train + 5 heures de bus hier, et aujourd'hui pres de 3h de bateau (qui tanguait comme pas possible). Et je n'ai meme pas encore bronche!

            Ici dans le Yunnan, pas de buildings ultra modernes mais de petites maisons traditionnelles avec des ruelles etroites aux paves ancestraux avec des montagnes a perte de vue...

            Decouvrir la Chine... Avec des Chinoises!

            Bon elles sont bien gentilles mes camarades de route, mais des fois, elles me font rire avec leurs remarques:
            - "Woaw, t'as vu la couleur de l'eau?? C'est tellement plus propre qu'a Guangzhou!" (Alors que je prefererais encore me baigner dans la Seine plutot que de tremper un doigt dans cette eau purrulente)
            - "Tu te rends compte, le ciel est bleu ici!!!" (No comment)
            - "J'ai faim!" (il faut preciser qu'elles le disent 10 fois par jour alors qu'elles sont evidemment plus minces que moi. La vie est trop injuste...)
            - "Non, tu devrais ptetre pas manger ca" (alors que j'etais sur le point d'avaler un "inside" de porc que je n'ai toujours pas identifie).

            Eh oui, je decouvre vraiment la Chine...

            Comment raccourcir sa vie sans effort ni douleur?

            Pour ceux qui comme mon frere, estiment qu'il est preferable de mourir tot, il suffit de vous rendre en Chine, ou encore mieux, a Canton, pour voir votre esperance de vie raccourcir d'une traite.
            Au vu de ce que rejettent certains pots d'echappement, ou des tas d'immondices qui peuplent la ville, je mets ma main a couper que j'ai minimise mes chances de mourir vieille et ridee.
            Elle est pas belle la vie?

            Le crachat: prochaine discipline olympique?

            Vous vous souvenez probablement de la scene de Mary a tout prix ou Ben Stiller inculque a Cameron Diaz l'art et la maniere de cracher comme un mec.
            Cette scene grotesque releve du quotidien ici. Partout, on voit des gens de tout sexe et de tout age racler leur gorge, ou que dis-je, leurs poumons, pour extirper un bon gros crachat qui salit bien les trottoirs.

            Un de ces jours, il est fort probable que je me prenne une raclee: je ne peux m'empecher de rire aux eclats a chaque fois que je les entends. Probablement parce qu'ils me rappellent mon papa qui fait un bruit similaire apres s'etre brosse les dents (mais il a une excuse lui au moins! Et il crache dans un lavabo!)

            PS: le curage de nez meriterait egalement de figurer au palmares. Et a la chinoise, c'est sans retenue et sans aucune pudeur siouplait! Ah, et j'oubliais le mouchage de nez sans mouchoir sur le trottoir. Qui dit mieux?

            samedi 19 janvier 2008

            Lost in translation

            Chaque jour, je m'elance dans les rues interminables de cette ville inconnue.
            Chaque sinogramme est un mystere qui se devoile peu a peu.
            Chaque visage contient une part de secret que je tente de decrypter.
            Chaque voix emet des sons que je n'entends pas.

            Comment pourrais-je me sentir plus perdue qu'ici?

            A quand remonte l'epoque ou l'Homme a decouvert le feu?

            ... Parce qu'a Guangzhou, le chauffage est une notion meconnue, inexistante. Chose incongrue: les climatiseurs eux, sont dans la norme, ce qui explique que le paysage cantonnais soit ponctue de tuyaux grotestques et poussiereux s'extirpant des immeubles, meme les plus modernes.

            Les Chinois prefereraient donc crever de froid que mourir de chaud?
            Quoi qu'il en soit, moi j'ai le nez en compote la veille de mon depart pour le Yunnan (et je precise qu'il me faudra rester 25h dans le train avant d'arriver a destination. Elle est pas belle la vie?)

            Les semelles de vent

            A partir de ce dimanche, je ne serai plus tres joignable, et pour cause, voici mon programme:
            1. Du dimanche 20 au lundi 28 janvier: decouverte de la region du Yunnan, au sud-ouest de la Chine. Au programme: paysages somptueux, populations ethniques et rando a gogo.
            2. Du mardi 29 au dimanche 10 fevrier: Shanghai la captivante va a son tour s'emparer de moi. Je passerai le nouvel an chinois avec mes camarades de stage.
            3. Du lundi 11 au vendredi 21 fevrier: retour aux sources pour une viree express vers mon pays: le Vietnam. Retour a Hanoi, puis a Hue ou nous avions realise une mission humanitaire durant l'ete 2006. Et enfin, la belle Hoi An ou demeurent encore des membres de ma famille. De nouveau, je n'aurai sans doute pas l'occasion de descendre plus au sud. Snif, la prochaine fois peut-etre...

            De quoi rassasier mes envies d'evasion.

            Qui a dit que tout allait vite en Chine?

            A moins de travailler exclusivement dans le batiment ou d'aimer se faire avoir a chaque coin de rue, je ne vois pas comment on peut affirmer que les choses vont vite ici.

            1er argument: tout le monde sait que la Chine est surpeuplee. On s'apitoie sur ces pauvres filles tuees alors qu'elles sont a peine venues au monde du fait de la limitation des naissances. Mais ce qu'on ne sait pas, c'est que monde=lenteur. Ce qui donne:
            • Transports = embouteillages monstrueux a n'importe quelle heure de la journee + bousculade de malade pour simplement entrer dans le bus.
            • Operation bancaire = une heure de queue qui comprend querelles en tous genres pour ne pas se faire doubler a ton insu + patience au sommet pour se faire comprendre par des Chinois qui ne comprennent pas le sens du mot "service"

            2e argument: incompetence (ou manque de volonte?)=lenteur. Desolee pour tous les guichetiers, employes de banque, serveurs, agents immobiliers et j'en passe, mais les gars, faut vous reveiller! Quelques exemples:

            • Location d'appart: un agent immobilier ne te fait pas visiter l'appart qui pourrait etre celui de tes reves, il te promene. Les proprios ne laissent pas les cles aux agences donc les agents te font mariner, et c'est ainsi que tu peux passer une journee a voir des taudis dotes de trous (cf post precedent), et aller de surprise en surprise...
            • Au resto: d'accord je ne parle pas encore chinois, mais pourquoi faut il qu'il y ait supercherie a chaque fois que je passe commande? Supercherie qui survient apres une demi heure de mimes et gesticulations qui me feraient passer pour une contorsionniste professionnelle.
            3e argument: bureaucratie=lenteur. Ca n'etonne personne ca, "l'administration c'est lent, les foncitonnaires sont payes a rien faire" mais en Chine, c'est puissance 10.
            • A la banque, toute operation doit etre validee par au moins 3 personnes (autre chinoiserie: l'impressionnante collection de sceaux et de tampons insignifiants tronant sur chaque comptoir).
            • A l'universite, pour obtenir un papier attestant que: "Oui, Mlle Nguyen sera parmi nous", ca prend deux semaines. Deux semaines pour un foutu cachet!

            Pour ceux qui me connaissent, rester dans ce pays releve donc d'un veritable exploit. Pour l'instant, ma theorie consiste a dire que: un tout piti peu de croissance + un tout piti peu de croissance et ainsi de suite.. Ben ca fait peut etre beaucoup de croissance.

            Je sais c'est bancal, mais si vous avez d'autres hypotheses, n'hesitez pas a me les soumettre

            1ere divergence culturelle: les toilettes!

            Ce sujet peut paraitre futile, au pire grivois, mais sachez qu'en Chine, la plupart des toilettes sont turques, que ce soit dans les lieux publics ou chez soi. Pour avoir visite une vingtaine d'appart, je peux vous assurer que les trones (dixit Gael) ne sont pas monnaie courante ici.
            Le comble, c'est que les Chinois trouvent cela plus propre (???!@32%???).
            Desolee mais mon chez moi, c'est pas le camping!

            Au moins, je vous aurai prevenus...

            Perdue, moi? Jamais!

            A l'arrivee, tu t'apercois que tous tes reperes s'effondrent et que tout reste a reconstruire.
            Toute cette abondance de sinogrammes, de visages livides et absents, de bruits assourdissants te font tourner la tete.

            Peu a peu, tu prends tes marques dans cette ville immense et o combien differente de tout ce que tu as pu voir jusqu'a present.
            Se souvenir d'un croisement de rue, d'une des innombrables enseignes lumineuses... Tu reapprends tout, comme une enfant.

            Etape 1: Canton (ou Guangzhou pour les inities)

            Arrivee le 7 janvier, cela va bientot faire deux semaines que je suis a Canton pour un sejour de 6 mois.
            Mes cours de chinois ne commencent que le 21 fevrier, j'ai donc decide de partir en vadrouille durant les semaines a venir.

            Au fil de mes messages, je vous ferai partager mes experiences, mes decouvertes, bref, tout ce que cette ville aura a m'offrir, pour le meilleur comme pour le pire...